mardi 14 juillet 2015

Ce Que Sont Devenues Nos Histoires du Soir



Au début, nous inventions des histoires dont le Petit Magicien (parfois Petit Chevalier) était le héros. Soir après soir. Vous allez rire, mais c’était une terrible pression. Souvent je paniquais à l’approche du soir en réalisant que je n’avais pas d’idée.
Ce sont pourtant de bons souvenirs : Le Loup dans la Lune, la série des Cacas Magiques

Et puis, le Noël qui suivait ses trois ans, un mois après la naissance de Beau-Dodu, notre maison du Jura a été frappée par la tempête, comme une bonne partie de la France. Plus d’électricité, cela signifiait fort peu d’éclairage et de chauffage. Ce soir-là, nous avons donc pris le parti de raconter l’histoire non pas près de son lit, mais dans le seul endroit chaud et lumineux de la maison : près de la cheminée.
C’est, bien sûr, le meilleur endroit au monde pour raconter des histoires.
Mais cela signifiait que j’avais pour public toute la famille : le Papa du Magicien et les deux Grands-Mères. J’ai donc choisi de raconter le début de Bilbo le Hobbit. Je n’avais pas le livre avec moi, mais je le connais quasiment par cœur.
J’ai continué le soir suivant.
Et ainsi de suite.
Et, même avec de l’électricité, sans tempête et sans feu de cheminée, il en est toujours ainsi.

Depuis, outre Bilbo, j’ai raconté les trois premiers tomes de Harry Potter (deux fois), trois tomes de Narnia, les deux premiers des Chroniques de Prydain de Lloyd Alexander, les trois premiers Tiphaine Patraque, ainsi que, toujours de Terry Pratchett, Le fabuleux Maurice et ses rongeurs savants (et aussi Le Père Porcher, parce qu’il a beaucoup insisté.) J’ai raconté les trois premiers tomes du Magicien d’Oz de L. Frank Baum, Le château de Hurle de Diana Wynne Jones et je raconte en ce moment sa suite, Castle in the Air. 

Je recommande hautement tous ces livres (même si l’intertexte biblique de Narnia est un peu lourd pour nous autres lecteurs adultes, il ne diminue absolument pas le plaisir du Petit Magicien.)

Je me suis régalée. Le Petit Magicien et son Papa aussi, ainsi que nos auditeurs occasionnels qui, se trouvant avec nous le soir, ont hérité de cette coutume familiale.
« Est-ce qu’il.s/elle.s va/vont écouter l’histoire ? » est devenue une question récurrente du Petit Magicien.
Je me régale parce que j’aime les histoires, parce que j’aime raconter, et parce que c’est devenu un vrai moment de partage familial.
Nous parlons de ces histoires, d’autant plus que le découpage en chapitres permet du suspense, des questions non résolues, permet aussi de vivre plus longtemps avec les personnages. Les Nac Mac Feegle ont complètement intégré l’imaginaire du Petit Magicien, par exemple. Sirius Black et Gwydion sont passés au rang de ses protecteurs.

Je pourrais lire les chapitres, bien sûr, au lieu de les raconter. Cela m’oblige à relire pendant la journée le chapitre à venir, afin qu’il soit frais dans ma mémoire le soir.
Mais : le conte, l’oralité participent de la magie. Et me donnent plus de liberté : je coupe ou développe selon l’état de fatigue du Petit Magicien, j’ajoute parfois une plaisanterie, j’intègre ses questions dans le récit (« Comment est-ce qu’ils m’entendent, dans l’histoire ? » demande-t-il alors.)
Cela me permet aussi d’utiliser des histoires dont la traduction française n’est peu ou pas disponible !

A suivre. J’ai toujours aimé les romans-feuilletons.